L’ours, le mythe persiste
La naissance de l’ours en peluche : l’ultime revanche de l’ours sur les hommes
◼️ La naissance de l’ours en peluche : l’ultime revanche de l’ours sur les hommes
Cette caricature de Clifford Berryman’s dépeint le voyage de chasse à l’ours du président Theodore Roosevelt au Mississippi. Le dessin a donné son nom « Teddy Bear » à l’ours en peluche. Il a été publié dans le Washington Post en 1902.
L’ours en peluche naît simultanément en novembre 1902 aux États-Unis et en Allemagne.
Theodore Roosevelt, président américain à cette époque, était un chasseur. Une anecdote raconte qu’un jour, rentré bredouille d’une battue, il découvrit un ourson attaché à un arbre, que l’entourage du Président avait placé là pour le satisfaire… une sorte de lot de consolation à cette partie de chasse infructueuse. Roosevelt, ému par l’image de ce petit être sans défense, refusa de tirer, déclarant qu’il ne pourrait plus jamais regarder ses enfants dans les yeux s’il commettait un tel acte de cruauté. L’affaire a été très médiatique et a largement contribué à la popularité de Roosevelt.
Suite à cette histoire, un fabricant de jouet de New-York eut l’idée de concevoir un ours en peluche, et demanda à la Maison Blanche l’autorisation de baptiser son oeuvre « Teddy », en hommage à Theodore Roosevelt. Le célèbre « Teddy Bear », premier produit dérivé de l’Histoire, est né.
Dans le même temps, outre-Atlantique, Margarete Steiff, fabricante de jouet dans la région de Stuttgart, en Allemagne, conçoit un ours en feutre et laine, sans connaître l’anecdote qui se déroule aux Etats-Unis.
« Teddy Bear » ayant appartenu à Kermit Roosevelt, qui aurait été fabriqué par Michtom, au début des années 1900 ; Musée d’histoire naturelle du Smithsonian
Une réplique du modèle Steiff 55PB exposée au Steiff-Museum, Giengen, Allemagne, 2006 ; il ne reste aucun exemplaire original du 55PB connu
En 1902, l’ours en peluche remporte un vif succès pour les fêtes de Noël, et demeure encore aujourd’hui le jouet incontournable, pour les petits et grands. Ce phénomène pourrait être à l’origine d’une mauvaise conscience collective sur le véritable massacre qu’a subi l’ours, qui ressemble tant à l’Homme.
« Avec l’ours en peluche, on voit renaître des pratiques de type cultuel comparables à celles des sociétés anciennes. L’enfant trouve en lui son premier compagnon, son ange gardien, son premier dieu. Contrairement à l’ours médiéval, le nounours n’a jamais abdiqué sa royauté. Malgré la concurrence des kangourous et autres pandas, il reste la star des peluches. » Michel PASTOUREAU, « L’Ours. Histoire d’un roi déchu ».
Peluche de l’ourse Sorita disponible à la boutique du Pays de l’Ours
◼️ L’Ours : un symbole, un emblème culturel
Certaines capitales européennes ont encore aujourd’hui l’ours pour emblème. Ce phénomène trouve sont origine dans le langage même, à travers ce que l’on appelle des « figures parlantes ».
En Suisse, la ville de Berne arbore fièrement un ours sur sa bannière depuis le XIIIe siècle; elle voue au plantigrade un culte, comme à un animal totem. Un jeu de mots associe Bern, le nom de la ville, et le mot Bär, qui désigne l’ours en allemand.
« Berlin » signifie « petit ours », en allemand.
« Madrid » viendrait de « maderno », « madrono », qui signifie « ours » en espagnol.