Etat des lieux de la population d’ours

Établi à partir des données du Réseau Ours Brun coordonné par l’Office Français de la Biodiversité (OFB)

◼️ Bilan général

En 2023, + de 90% des ours présents sont issus de 3 individus : les femelles Mellba et Hvala, et le mâle Pyros.
L’arbre généalogique ci-contre, produit par Pays de l’Ours – Adet à partir des données du Réseau Ours Brun, coordonné par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), en rend compte clairement.

Chaque couleur correspond à 1 femelle :

  • Vert : lignée Mellba
  • Rose : lignée Hvala
  • Orange : lignée Sorita

◼️ Diversité génétique

La consanguinité de la population d’ours ne cesse d’augmenter.
Le coefficient la mesurant a atteint la cote d’alerte de 15% et, sans intervention, il atteindra 20% dans quelques années(4).
Ce seuil de 20% est reconnu comme critique et à ne pas dépasser par la communauté scientifique(1).
Plus inquiétant encore, les générations d’oursons naissant dans les Pyrénées dépassent déjà les 20% de consanguinité depuis 2022(4).

Cette situation s’explique par le trop faible nombre d’individus fondateurs : 90% de la population actuelle descend de seulement deux femelles : Mellba (en vert) et Hvala (en rose) et d’un mâle : Pyros.

L’augmentation de la consanguinité est incontestablement une menace forte et croissante pour la viabilité de la population.

La diversité génétique de la population est logiquement faible. Une étude de 2020 présentée en annexe p31 du rapport ROB 2021 en atteste :

  • « Près de 70% du patrimoine génétique de la population est généré par un seul mâle (Pyros) et une seule femelle (Hvala) »
  • « Le mâle dominant Pyros contribue à lui seul pour près de 50% du pool génétique de la population, alors qu’il présente une faible diversité génétique individuelle.« 
  • De nombreuses portées sont consanguines : « entre 2006 et 2020, on compte 13 accouplements entre père et fille, quatre entre frère et sœur et un accouplement entre demi-frère et demi-sœur. »

Logiquement, les indicateurs de la santé génétique de la population ne sont pas bons :

  • La population efficace (nombre d’individus qui contribuent réellement à l’avenir génétique de la population) n’est que de 8,2 alors qu’une population viable doit en compter au moins 50.
  • Le coefficient de consanguinité a doublé entre 2006 et 2020, passant de 0,06 à 0,13. Le seuil à ne pas dépasser est 0,20.
  • L’hétérozygotie de la population est significativement plus faible en 2020 qu’en 2006 (de 0,572 à 0,637).
  • « On observe donc globalement une perte de diversité génétique dans la population ursine pyrénéenne depuis 2006. »

◼️ Perspectives

Des effets déjà visibles

Les conséquences de cette consanguinité se font déjà sentir. Le nombre d’oursons par portée et leur taux de survie est en baisse pour les portées consanguines qui sont de plus en plus nombreuses(3). A l’avenir, la population pourrait également devenir plus sensible aux maladies, et des malformations pourraient apparaître.

Il est urgent d’agir !

La solution est connue : il faut lâcher de nouveaux ours pour “apporter du sang neuf”. Et l’heure n’est plus à la procrastination : Plus nous laisserons la consanguinité dériver, plus il faudra lâcher d’ours pour la corriger(3) !

La dégradation de la situation et des perspectives s’expliquent par ces évènements récents (voir aussi l’historique ci-dessous) :

  • Disparition du mâle Goiat (lâché en 2016) et de toute sa descendance ;
  • Disparition du seul descendant du mâle Balou (lâché en 2006), lui-même disparu ;
  • Disparition de la femelle Sarousse (lâchée 2006), sans aucun descendant ;
  • Le mâle Néré, maintenant âgé de 27 ans, ne s’est plus reproduit depuis 2020 et aucun de ses descendants ne s’est encore reproduit ;
  • Le mâle Cannellito (unique porteur de gènes de la population de souche pyrénéenne) ne s’est toujours pas reproduit;
  • La femelle Claverina (lâchée en 2018) ne s’est toujours pas reproduite ;
  • Les seuls oursons de la femelle Sorita qui ont survécus ont comme père un descendant du mâle ultra-dominant Pyros.

◼️ Historique

A l’exception du mâle Cannellito, tous les ours présents sont issus des 11 ours lâchés dans les Pyrénées depuis 1996, mais de manière très inégale.
Si 7 des 11 ours lâchés se sont reproduits, mais avec des succès très différents :

  • Il ne reste qu’un descendant de la femelle Ziva (lâchée en 1996) : Néré, qui a maintenant 27 ans. Il a généré 5 oursons dont aucun ne s’est reproduit à ce jour.
  • De la seconde femelle lâchée en 1996, Mellba, il n’est restée que la femelle Caramelles, qui elle a eu 20 oursons avant d’être abattue par un chasseur en 2021.
  • Le mâle Pyros, lâché en 1997, est resté le mâle dominant jusqu’en 2017. Près de 90% des ours présents dans les Pyrénées sont ses descendants, parmi lesquels figurent les mâles dominants actuels (Pépite, Flocon Boet …).
  • Les femelles Palouma, Franska et Sarousse, lâchées en 2006, sont disparues sans avoir eu d’ourson.
  • La femelle Hvala, également lâchée en 2006, a eu 11 oursons avant de disparaître en 2018.
  • Les mâles Balou et Goiat, lâchés en 2006 et 2016, sont disparus en 2014 et 2021. Leur descendance (1 et 3 oursons) est également disparue.
  • La femelle Sorita, lâchée 2018, a eu 7 oursons, dont 5 vivants en 2023.
  • La femelle Claverina, également lâchée en 2018, est toujours vivante mais n’a pas eu d’ourson à ce jour.

◼️ Conclusion

Il est de notre responsabilité d’agir maintenant pour assurer un avenir à l’ours dans les Pyrénées.

Nous ne laisserons pas des considérations court-termistes gâcher 40 ans de travail consacrés à la préservation de cette espèce emblématique du patrimoine naturel et culturel de nos montagnes.

Sources

  • 1 OFB, Rapport d’expertise analyse démo-génétique de la population d’ours brun du massif des Pyrénées, 2021
  • 2 Bassi C., Etude de la taille efficace et de la diversité génétique de la population d’ours brun des Pyrénées, 2021
  • 3 MNHN, Expertise collective scientifique « L’Ours brun dans les Pyrénées », 2013
  • 4 Pays de l’Ours – Adet, Evolution du coefficient de consanguinité de la population d’ours des Pyrénées, 2024
  • 5 DREAL Occitanie, Plan d’action Ours brun 2018-2028, 2018
  • 6 Conseil des Communautés Européennes, Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !

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