L’ours et l’homme

De la préhistoire à la réintroduction, l’histoire de l’ours dans les Pyrénées est une histoire de passions.
La cohabitation homme-ours a toujours été placée sous le signe de la concurrence.

◼️ L’ours, un supermaraudeur

Jusqu’au 19ième siècle, les Pyrénéens vivaient essentiellement de leurs cultures situées en montagnes (vergers, céréales, légumes, miel, élevage). Cependant, on dit qu’à l’époque les nuisibles prélevaient environ 10% de la production, davantage que les impôts ! Alors, bien que l’ours fût appelé «le patriarche», il était avant tout un supermaraudeur à qui l’on attribuait beaucoup de vices (celui entre autres d’être attiré par les jeunes filles!).

Il fallait se débarrasser des individus les plus nuisibles. Pour celà, on organisait des battues :

  • Des battues spontanées qui faisaient suite à un dégât causé par l’animal sur les cultures.
  • Des battues administratives organisées par les louveteries en réponse à des plaintes.

Pourtant, ces battues pouvant rassembler plus d’un millier d’hommes étaient rarement efficaces. Elles avaient par contre un intérêt tout à fait particulier : celui de rassembler les valléens, de resserrer les liens autour d’un même objectif… L’ours, érigé en ennemi commun, fédérait les hommes. Aujourd’hui encore, on remarquera que le plantigrade continue de jouer à merveille ce rôle qui lui est dévolu.

◼️ Les chasseurs d’ours

La chasse individuelle était largement plus lucrative et dura jusqu’à son interdiction en 1962. La chasse individuelle ne sera totalement et définitivent interdite qu’en 1972 !

Tuer un ours n’avait rien d’une formalité et l’on ne vivait pas de la seule chasse à l’ours, même si certains hommes sont devenus des héros pyrénéens. Il existait plusieurs techniques (de l’empoisonnement au fusil en passant par l’arme blanche) mais le fusil était évidemment le plus utilisé.

La mort de l’animal suivait parfois des jours de traque. Une fois, l’ours abattu :

    • le chasseur le présentait dans tous les villages de la vallée (et parfois au-delà).
    • En plus du statut de héros, il recevait de l’argent et des vivres de la part des habitants.
    • La dépouille de l’animal donnait droit à une prime administrative (commune, préfecture ou syndicat de la vallée).

Enfin, le chasseur

  • vendait tête, pattes et peau comme trophées,
  • la viande était achetée par les bouchers et les aubergistes (un certain tourisme émerge au 19ème siècle dans les Pyrénées) et
  • la graisse entrait dans la composition de divers produits contre les douleurs, les chutes de cheveux…
  • Finalement, le chasseur recevait l’équivalent d’un an de salaire d’un instituteur !

La chasse à l’ours était également prisée par les nobles depuis le Moyen-Âge ! Ce type de chasse perdure encore de façon très réglementée dans certains pays d’Europe.

◼️ Les montreurs d’ours, un autre facteur de la disparition

Un autre facteur de disparition de l’ours tient dans une histoire pyrénéenne toute particulière. Des conditions de vie très difficiles et une organisation socio-familiale spécifique ont contraint les pyrénéens à inventer des petits métiers regroupés sous le nom de colportage. Ils étaient vendeurs de boutons, de mouchoirs, d’almanachs, fabricants de sabots ou de bijoux. Ils pouvaient être également montreurs d’ours.

Des vertus magiques

La réputation légendaire de l’animal concourait au succès. Il avait même des vertus magiques de guérisseur. Ainsi, après avoir capturé les oursons (en évitant la mère, cela était relativement facile), ces derniers étaient nourris et dressés et parcouraient la France entière. Certains ont même traversé l’Atlantique. Mais les oursons ont commencé à se faire rares, et, comble de l’histoire, il a fallu importer des oursons des balkans ! Après un lent déclin, cette pratique disparaîtra entre les deux guerres.

◼️ Le désintérêt de la cause de l’ours

De 1962 à 1982, l’Etat ne se penche pas réellement sur le problème, bien que certaines associations comme le FIEP, dans le Béarn, se battent déjà depuis 1976 pour sauver les ours, faisant face aux relations complexes des acteurs locaux.

◼️ La prise de conscience de la disparition des ours

En 1987, Jean-Jacques CAMARRA, spécialiste de l’ours brun, estime que la population ursine représente environ 15 à 20 individus sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne. On évoque pour la première fois l’idée du renforcement de la population.

La suite, vous la connaissez. Après une chute de la population à 6 individus en 1995, le programme de réintroduction, véritable réussite biologique, permet aujourd’hui de compter à nouveau une soixantaine de plantigrades sauvages sur la chaîne.

Au centre de débats parfois passionnés, le destin des pyrénéens et celui de l’ours restent étroitement liés.
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