◼️ Retour sur un été chaud

L’été suivant une élection présidentielle est toujours chaud sur le front de l’ours. Avec la nomination de Nicolas Hulot au Ministère de la Transition Écologique, l’été 2017 s’annonçait bouillant, il le fût.

L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été la mort par dérochement (chute d’une falaise) de 209 brebis ariégeoises, en Espagne, mi-juillet.

Alors que le principe de l’indemnisation «au bénéfice du doute» de ces bêtes était acquis, l’Administration a complaisamment classé ce dérochement «imputable à l’ours», croyant ainsi calmer les esprits…
Le lobby anti-ours en a bien sûr profité pour faire monter la tension. Syndicats agricoles, associations d’opposants et certains partis politiques locaux ont rivalisé dans la course à «qui sera le meilleur opposant à l’ours», avec des arguments toujours plus fallacieux et démagogiques.
Bien sûr on a eu le droit au simpliste «choix à faire entre l’homme et l’ours», et aux demandes irresponsables de retrait des ours.

Comme les propos, mêmes radicaux, ne suffisaient apparemment pas, des agents assermentés de l’ONCFS venant expertiser une dépouille de brebis ont été accueillis avec menaces et coups de fusil, et une vidéo d’hommes encagoulés et armés menaçant explicitement les ours et les agents de l’État a été transmise aux médias qui n’en demandaient pas tant…

Cette escalade violente a bien sûr été organisée dans le but de dissuader le nouveau Gouvernement de lâcher des ours. Il est curieux en effet que les dégâts d’ours justifiant l’opposition montent en flèche chaque année d’élection présidentielle… (cf graphique ci-dessous)

Et sur le terrain ?

Les pertes de brebis ont été partout en augmentation cet été. La principale raison en est une météo exécrable, avec beaucoup de brouillard et d’orages, mais aussi la forte présence de mouches, et donc des asticots qui sont, rappelons-le, le principal prédateur de brebis en
montagne (tuant parfois jusqu’à 20% de troupeaux).

Sur des estives pourtant situés hors «zone à ours», les brebis manquent par dizaines cette fin d’été, mais comme l’ours ne peut être mis en cause, on n’en parle pas …
Pour ce qui concerne les dégâts d’ours en Ariège, on dénombre 91 attaques au 31 août 2017, totalisant 127 bêtes tuées (336 en comptant le dérochement de mi-juillet). C’est certes supérieur aux années précédentes, mais il faut garder à l’esprit :

  • que l’ours ne représente qu’une petite part de la mortalité domestique estivale, laquelle est estimée entre 3 et 5%, soit 1 500 à 2 600 bêtes en Ariège.
  • que ces pertes sont généreusement indemnisées, y compris quand la responsabilité de l’ours n’est pas démontrée (les autres causes de mortalité ne l’étant pas du tout… )
  • que le retour de l’ours a permis de mobiliser des moyens pour améliorer les conditions de vie et de travail en montagne (embauches de bergers, rénovation des cabanes, retour des chiens de protection… ).

L’ours est devenu malgré lui le moyen d’exprimer le malaise d’une profession dont il ne fait que révéler les difficultés sans en être responsable.
De 2000 à 2010, l’Ariège a perdu 13% de ses effectifs ovins, 17% de ses exploitations pastorales, et l’ours n’y est pour rien.

Il serait temps que les organisations agricoles et politiques s’attaquent aux vrais problèmes et cessent de se cacher derrière l’ours pour masquer leur responsabilité et leur incapacité à les affronter.

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !

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