◼️ Que reproche t-on vraiment à cet ours qui a croisé un humain au bout d’un chemin ?
Voilà donc la vidéo qui a défrayé la chronique ces derniers jours. Un ours, manifestement jeune, traîne tranquillement (trop !) au bord d’une route qui est en fait un chemin goudronné qui mène en cul de sac à quelques résidences secondaires.
Voilà donc ce qui a justifié de nombreux articles relatant l’insécurité croissante liée à la prolifération des ours (sic !) dans les Pyrénées.
Mais que lui reproche t-on vraiment ?
Probablement de ne pas être terrorisé à l’apparition d’un humain. Car tout animal sauvage est censé l’être et déguerpir sans délai. C’est ainsi, il est inscrit dans notre héritage culturel que l’humain (l’homme surtout) est le maître sur terre et que tout non-humain doit lui céder le passage sans demander son reste. La seule familiarité tolérée est celle des animaux domestiques, utiles et soumis.
Combien de fois entend-on « Il n’est pas normal cet animal, il ne s’est pas enfuit quand il m’a vu … ! »
La quasi totalité des espèces a intégré la fuite comme un réflexe de survie à l’approche d’un humain. Il faut dire que celles qui sont encore présentes sont essentiellement des proies face au grand prédateur que nous sommes.
Oui mais voilà : l’ours brun n’a pas de prédateur. Il ne se considère ni ne se comporte donc comme une proie vis à vis de nous. Certes, un ours apprend de sa mère ou comprend vite par lui-même qu’il vaut mieux éviter les humains, mais il peut aussi rester indifférent (13% des cas), jauger la situation et reprendre ses activités (5%), voire même s’approcher un peu avant de s’éloigner (1%). Enfin, situation que beaucoup redoutent mais très rare, il est arrivé quatre fois qu’une ourse fasse une charge d’intimidation pour défendre ses oursons, sans attaquer, et une fois une ourse a blessé un homme, un chasseur au milieu d’une battue. (statistiques de l’OFB réalisées à partir de 255 témoignages de rencontres Homme – ours dans les Pyrénées recueillis entre 1993 et 2020). La dernière attaque délibérée d’un ours sur un homme dans les Pyrénées remonte à 1850.
Le risque lié à l’ours n’est donc pas nul, mais il est au moins très limité si l’on considère les centaines d’interventions des secours en montagne chaque année, pour d’autres raisons qui ne focalisent pourtant pas l’attention et ne passionnent pas les médias …
Pour en revenir à l’ours sur cette vidéo (qui n’est malheureusement plus accessible), chacun pourra juger à quel point la personne qui l’a filmé a risqué sa vie …