◼️ Pays de l’Ours-Adet confirme : L’ours est l’allié du berger dans les Pyrénées
Mise en cause par l’Addip dans une communication agressive et revancharde, Pays de l’Ours-Adet persiste et précise les causes de mortalité des brebis en montagne, et comment on peut concilier dans les Pyrénées développement économique et protection de l’environnement.
Le 29 juin dernier, l’association Pays de l’Ours – Adet diffusait une mise au point sur la mortalité des brebis dans les Pyrénées et l’amnésie volontaire de certaines associations quant aux autres causes de mortalité que l’ours, pourtant largement majoritaires.
L’Addip s’est semble-t-il sentie concernée et a diffusé un communiqué revanchard et, comme à son habitude inutilement agressif, tout en restant partial et partiel.
Pays de l’Ours – Adet tient donc à préciser les points suivants :
Sur la forme d’abord :
le communiqué était signé par l’association Pays de l’Ours – Adet, et non par son directeur qui n’a donc pas à subir ces mises en cause insultantes (mensonges, incompétence, délire …). N’en déplaise à l’Addip, Pays de l’Ours – Adet est une association regroupant entre autres 11 communes, des dizaines d’associations, et des centaines de professionnels, pyrénéens. Tenter par une manœuvre grossière de réduire son expression à une seule personne ne saurait en affaiblir le propos et la représentativité.
Sur le fond maintenant, l’essentiel :
L’Addip nous reproche de ne pas préciser les chiffres de la mortalité des brebis, mais elle confirme ne pas les connaître elle-même, ce qui pose un sérieux problème de crédibilité, s’agissant de leurs propres animaux !
Même si elles dérangent, nous disposons bien d’estimations crédibles, dont chacun peut vérifier les sources, précisées au pied de ce texte.
Nous maintenons donc que la mortalité annuelle des brebis dans les Pyrénées est de l’ordre de 50 000 brebis, voire plus.
Il suffit pour cela d’ajouter la mortalité estivale et les brebis récoltées par les services de l’équarrissage :
- la mortalité en estives : selon de nombreux éleveurs, dont un de leurs représentants témoignant en 2003 sous serment devant la commission d’enquête parlementaire sur le pastoralisme, elle représente 3 à 5% des troupeaux1. Cela représente donc bien 18.000 à 30.000 pertes par été sur les 600.000 brebis présentes en montagne.
Ces animaux ne passent pas par l’équarrissage, ils sont laissés aux vautours. Rappelons ici que les ours ont causé la mort de 167 brebis lors de l’été 2010, chaque bête faisant l’objet d’un constat par un agent assermenté. La part de l’ours reste donc bien inférieure à 1%. - la mortalité sur les exploitations : La société assurant l’enlèvement des animaux morts précise sur son site internet le nombre total d’ovins-caprins collectés chaque année sur les 14 départements du Sud-Ouest : 150.000 en moyenne2 ! Une simple règle de trois en fonction du nombre de bêtes par département permet de ramener ces chiffres aux départements pyrénéens, soit 25.000 – 30.000 brebis mortes collectées par l’équarrisseur.
La publication de l’activité détaillée du centre de collecte de Saint-Gaudens permettrait de confirmer aisément ces chiffres.
L’estimation globale de 50.000 brebis mourant chaque année dans les départements pyrénéens est donc incontestable.
Ces chiffres sont d’ailleurs confirmés par la chambre d’agriculture de l’Ariège elle-même (mentirait-elle, elles aussi !?).
Sur son site internet, on trouve en effet des fiches synthétiques du fonctionnement des exploitations pastorales pyrénéennes, lesquelles font état de taux de mortalité annuelle de 6 à 8 % et jusqu’à 9,6% en Ariège, soit près de 7 300 ovins morts pour ce seul département …3
Venons-en à l’efficacité des chiens de protection. Elle a bien fait l’objet d’une étude, menée auprès de 37 éleveurs, sur une période de 10 ans. Les chiffres pris en compte sont ceux précisés par les éleveurs eux-mêmes.
Les résultats sont particulièrement clairs : les éleveurs utilisant un ou plusieurs chiens de protection constatent une baisse des pertes par prédation et vols de 92% en moyenne4.
Les chiens de protection ne sont donc certes pas infaillibles, mais tout de même très efficaces.
Monter en épingle les rares cas où les chiens n’ont pu éviter une attaque d’ours relève encore de l’amnésie sélective dont l’Addip est coutumière.
L’Addip connaît-elle quoique ce soit qui ait une efficacité garantie de 100% … !?
Il reste donc les avortements, dont l’Addip laisse entendre abusivement que l’ours est la cause principale.
Le stress reste un facteur secondaire d’avortement, tout vétérinaire peut confirmer qu’une grande part des avortements est provoquée par des parasites et maladies dont de nombreuses brebis sont les victimes5.
Une fois encore, les éleveurs ont tout intérêt à protéger leur troupeau, car les attaques de chiens, malheureusement fréquentes, sont bien plus stressantes que les attaques d’ours.
On en revient donc à l’importance du travail des bergers l’été en montagne, dont nous avons la plus haute estime. Plus il y en aura, mieux les bêtes seront protégées et soignées.
Nous avons là une possibilité de concilier création d’emplois, qualité de production, gestion de l’environnement et protection de la biodiversité. Nous nous réjouissons donc que le retour de l’ours ait permis d’obtenir des financements pour embaucher des bergers dans les Pyrénées.
Le Plan de soutien à l’Economie de Montagne, doté de 48,5 millions d’euros, est bien lié au plan ours. Il a été annoncé en 2005 par le Préfet de massif Daubigny qui précisait que la concertation approfondie déboucherait sur un plan de réintroduction d’ours dans les Pyrénées prévoyant la mise en place d’un plan de soutien à l’économie de montagne6.
L’ours n’est donc ni la peste, ni le choléra du pastoralisme, au contraire !
Malgré l’opposition stérile d’associations prétendant défendre le patrimoine, le retour de l’ours a bien permis de mobiliser des moyens pour moderniser le pastoralisme et améliorer les conditions de vie et de travail des bergers en montagne, et nous nous en félicitons.
Concilier le développement des activités humaines et la protection de l’environnement, sans sacrifier l’un à l’autre, c’est la base du développement durable et c’est notre seul objectif.
Il reste du travail pour faire évoluer les vieilles conceptions opposant l’homme et la nature. C’est important et urgent, car nous ne résoudrons pas les crises actuelles en conservant les logiques qui les ont créées.
Notes et sources :
1 Audition de M. Francis Ader, actuel secrétaire-adjoint de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Garonne, devant la commission d’enquête parlementaire sur les conditions de la présence du loup en France et l’exercice du pastoralisme dans les zones de montagne, le 20 mars 2003, consultable ici : http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-enq/r0825-t2.asp
2 voir http://www.fersobio.fr/telecharger/fersobio_chiffrescollecte.pdf
3 Lire sur le site de la chambre d’agriculture de l’Ariège : http://www.ariege.chambagri.fr/IMG/article_PDF/article_213.pdf
4 Synthèse de l’étude publiée dans notre brochure « La protection des troupeaux ». Lien de téléchargement : /Dossiers/brochure_Protection_troupeaux.pdf
5 Les causes d’avortements (source GDS) :
Lorsque la cause de l’avortement est connue, c’est une cause infectieuse dans 90% des cas, non infectieuse dans les 10% des cas restants.
6 Les communiqués de presse du Préfet de massif liant plan ours et plan économique :