◼️ Ours – Pyrénées : Où en sommes-nous en 2025 ?

La publication du rapport annuel de l’État sur l’évolution de la population d’ours est l’occasion de faire un état des lieux global du dossier “ours”.
La bonne nouvelle démographique ne peut ni ne doit occulter les faiblesses de la “politique ours” de l’État.

Démographie

C’est la bonne nouvelle du jour : la population d’ours frôle et a peut-être passé le seuil des 100 individus en 2024 ! Nous n’aurions osé l’espérer quand l’association a initié les premiers lâchers d’ours en France, en 1996, et nous nous en réjouissons.
Mais, de même que la croissance du PIB occulte les problèmes sociaux et écologiques, l’évolution démographique de la population d’ours n’est pas un indicateur suffisant pour conclure à la bonne santé de la population.

 Diversité génétique et consanguinité

Les trop rares ours fondateurs de la population se reproduisent entre eux, ainsi que leurs descendants. La consanguinité augmente, et devient une menace pour l’avenir de l’ours dans les Pyrénées. On mesure déjà que le nombre d’oursons est moindre pour les portées consanguines. Le coefficient de consanguinité de la population a dépassé les 16% en 2024, celui des oursons de l’année est au-delà du seuil critique de 20% pour la troisième année consécutive. Cela n’augure rien de bon.

cliquez ici pour obtenir le fichier en HD

Il faut maintenant changer d’indicateur et considérer dorénavant l’évolution de la population efficace (= part de la population qui participe efficacement à l’avenir génétique de la population). Nous sommes aux alentours de 10, le minimum pour une population viable est d’atteindre les 50. Il est donc indispensable de lâcher de nouveaux ours dans les Pyrénées ! Comme l’État n’en dit rien et garde discrètes les études à ce sujet, nous avons commandé une expertise démogénétique indépendante à un laboratoire privé, les résultats seront disponibles (et publiés !) d’ici fin 2025. Ce travail est possible grâce au soutien de mécènes privés que nous remercions, notamment la fondation “Anyama”, les Fonds de dotation “Le poids du vivant”, “Maupertuis” et “Domorrow”, et le réseau “1% pour la planète” (Pays de l’Ours – Adet est “Lauréat des Rencontres pour la Planète 2024” avec ce projet).

Cohabitation, dégâts et protection des troupeaux

Depuis que l’Europe a conditionné l’indemnisation des dégâts à la mise en œuvre de mesures de protection des troupeaux, l’État développe une politique qui porte ses fruits : alors que la population d’ours augmente, le nombre d’attaques reste modéré et stable depuis 2018. Autrement dit, le nombre d’attaques par ours diminue. 

Concertation

C’est un des points noirs : il n’y a AUCUNE CONCERTATION dans ce dossier. Depuis 2019, aucune décision n’a fait l’objet d’une concertation, ni-même d’une consultation préalable de l’ensemble des acteurs… On ne peut que mieux faire.

Chasse et protection

Le bon côtoie le médiocre, selon les départements. Si les efforts sont notables en Pyrénées-Atlantiques et Haute-Garonne, avec de bons résultats, le récent procès des chasseurs ayant participé à la battue pendant laquelle l’ourse Caramelles a été tuée a montré des lacunes importantes en Ariège, tant de la part des instances cynégétiques que des services de l’État qui ne font pas respecter la réglementation. Une des clés est la formation des chasseurs, elle doit être développée.

Information – sensibilisation du public

C’est un parent pauvre du dossier. Les associations environnementales, principaux acteurs dans ce domaine, font ce qu’elles peuvent avec les maigres subventions accordées (1,5% du “budget ours” …) qu’elles doivent compléter par des fonds privés. Les menaces de restrictions budgétaires pour 2025 sont incompréhensibles tant les budgets consacrés sont déjà faibles. L’information et la sensibilisation du public restent pourtant un facteur important de la réussite du retour de l’ours dans les Pyrénées, notamment avec l’augmentation de la fréquentation constatée en montagne depuis la crise COVID. Nous ne réussirons pas sans moyens supplémentaires…

Valorisation

Si l’objectif est régulièrement réaffirmé, aucun moyen n’y est consacré. L’enjeu est pourtant de taille : valoriser, y compris économiquement, le retour de l’ours pour les populations et acteurs locaux. Les seules initiatives dans ce domaine sont associatives (fromage Pé Descaous en Béarn, Centre Ress’Ours à Arbas …) et doivent compter sur des moyens essentiellement privés. Quelques financements publics étaient prévus dans le projet de programme LifeOursPyr, l’Etat l’a abandonné sous la pression du lobby anti-ours… Dans le contexte actuel, peut-on vraiment se passer de valoriser l’atout incontestable que constituent la présence et le retour de l’ours dans les Pyrénées ?

Synthèse et conclusion

Il est nécessaire et urgent que l’Etat redéfinisse une politique Ours recentrée sur les priorités Restauration, Cohabitation, Valorisation, via une réelle concertation, large et ouverte, de l’ensemble des composantes sociales et économiques du massif pyrénéen.
Le bilan du Plan Ours 2018-2028 est maigre, il faut dès maintenant préparer le prochain sur des bases renouvelées, avec des objectifs clairs et des moyens à la hauteur de l’enjeu.

Cliquez ici pour accéder à la synthèse du rapport 2024  + le rapport complet

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !

Soutenez-nous

Faire un don à Pays de l’ours Adet

Faire un don
Adhérer