◼️ Ours – Pyrénées : la position des candidats aux Régionales
Avec les association Ferus et FIEP, nous avons interrogé les candidats aux élections régionales en Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sur l’avenir de l’ours.
Voici leurs réponses et nos commentaires.
Vous pouvez retrouver sur cette page le courrier que nous avons adressé aux différents candidats dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
13 d’entre eux nous ont répondu, et nous tenons à les remercier de l’attention qu’ils ont accordé à notre sollicitation.
Il reste que d’autres ne nous ont pas (encore ?) répondu et nous ne pouvons qu’être interrogatifs sur leur intérêt pour la conservation du patrimoine naturel.
Vous trouverez ci-dessous, pour chaque candidat ayant répondu (classés par ordre alphabétique) :
- les extraits significatifs de leur réponse
- notre commentaire
- Brigitte Barèges (UMP Midi-Pyrénées) :
J’adhère totalement à l’idée selon laquelle « le développement humain est intimement lié à l’existence de la biodiversité ».
Tout doit être mis en œuvre pour conserver des milieux ouverts, respecter les usages et les connaissances traditionnels conduisant à la préservation de la faune et de la flore sans remettre en cause les liens qui unissent l’homme et la nature au quotidien au travers de l ‘élevage pastoral extensif.
Tout ce qui contribue à l’abandon du pastoralisme sous quelque forme que ce soit, est mauvais pour la biodiversité, la protection des paysages et le développement des vallées et des villages. Il n’est pas admissible que la protection d’une seule espèce emblématique ait pour conséquence la disparition d’exploitations agricoles et la mise en péril de la diversité biologique de ce territoire que les collectivités locales ont décidé spontanément de protéger.
Vouloir imposer serait contre productif et je n’imagine pas un tel comportement. C’est la raison pour laquelle je pense que des associations comme la vôtre ont toutes leur place dans des discussions dans le cadre de celles dites de l’environnement, dès lors qu’il s’agit de la biodiversité et de manière générale et de l’environnement des territoires de montagne.
Je n’ignore pas non plus que la France a pris des engagements internationaux, dans le cadre de la convention de Berne, d’une part, et aussi de l’Europe d’autre part, et la directive Habitats nous impose de maintenir la population d’ours dans les Pyrénées.
Le gouvernement tient ses engagements. Il ne reste pas sourd aux différentes revendications et cherche la solution la meilleure, celle qui convienne à tous, défenseur de la nature, protecteur de la biodiversité, professionnels du tourisme, chasseurs, éleveurs, apiculteurs.
Il est urgent de trouver un consensus et d’arriver à trouver le juste équilibre. Le Conseil Régional, même s’il n’a pas de compétence particulière en la matière peut mettre en œuvre les moyens nécessaires pour développer une politique touristique en accord avec l’environnement.
En tant que chef de file pour les prochaines élections régionales, je m’efforcerai, si je suis élue, de trouver un consensus.
Notre commentaire :
La position de Madame Barèges n’est pas claire. Elle juxtapose des idées qui semblent opposées, tout en déclarant vouloir les concilier. Tout y est, depuis « il n’est pas admissible que la protection d’une seule espèce emblématique ait pour conséquence la disparition d’exploitations agricoles » (ce qui est faux, nous mettons quiconque au défi de montrer, comptabilité en main, que l’ours est responsable de la disparition d’une seule exploitation pyrénéenne) jusqu’à « je n’ignore pas que la France a pris des engagements internationaux ; Le gouvernement tient ces engagements. Il est urgent de trouver un consensus et d’arriver à trouver le juste équilibre ».
La volonté de consensus de Madame Barèges est louable, bien qu’elle ne propose aucune piste pour y parvenir.
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Frédéric Cabrolier (Front national Midi-Pyrénées)
Ma position sur l’ours n’est pas tranchée.
Il me paraît en effet indispensable d’œuvrer à la protection des espèces menacées dans la mesure des compétences de la région qui sont minimes en la circonstance comme vous le rappelez, mais je crois qu’il est aussi très dommageable pour les éleveurs de voir leur troupeau attaqué.
Le rôle du politique doit être de trancher dans l’intérêt de la population mais seulement quand il a tous les éléments et la connaissance en main. Ce qui n’est pas mon cas aujourd’hui.
Nous proposons dans notre programme le référendum populaire sur tous les sujets qui engageraient lourdement les finances ou l’avenir de la région.
Le problème de la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées pourrait ainsi faire l’objet d’un référendum à l’échelle des pyrénéens et non pas à l’échelle de toute la région.
Notre commentaire :
M. Cabrolier sait manifestement peu de choses de la mortalité des troupeaux dans les Pyrénées. Il faut dire que les éleveurs ne s’en vantent pas … Environ 50 000 brebis meurent chaque année dans les Pyrénées, et l’ours n’est responsable que de moins de 1% …
Stopper la restauration de la population d’ours ne résoudrait rien, au contraire puisque les mesures de protection des troupeaux sont financées par le Plan Ours.
Le referendum proposé serait impossible car illégal : cette question ne relève pas des referendums puisque c’est de la compétence européenne.
Par ailleurs, pourquoi en faire une question locale, alors que la conservation de la biodiversité est d’intérêt général ?
Enfin, la restauration de la population d’ours n’engage pas lourdement les finances de la Région puisqu’elle ne paie rien dans ce domaine.
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Raymond Couderc (UMP Languedoc Roussillon)
Notre patrimoine régional ne se résume pas, comme beaucoup le pensent, à un ensemble de pierres, de monuments, de manifestations culturelles…Il concerne aussi des chemins de randonnées, des plantes, une faune typique de nos territoires, qu’il nous faut protéger. Bien que ne concernant pas une compétence obligatoire de la Région, la réintroduction de l’ours brun est un sujet qui mérite la plus grande attention de la part du plus grand nombre et des élus en particulier. Croyez que j’y attache la plus grande importance !
Notre commentaire :
Nous espérons que M. Couderc mettra en application cette déclaration d’intention s’il est élu.
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Michel Chrétien (Alliance des Ecologistes Indépendants Aquitaine)
L’Alliance Ecologiste Indépendante accorde la plus grande importance à la préservation du monde sauvage ; 2010 est déclarée année de la biodiversité, pour autant nous trouvons cela restrictif car la nature doit bénéficier d’un CDI.
L’ours brun Ursus arctos au même titre que toutes les espèces pyrénéennes doit vivre sauvage et libre dans ce massif.
La position de l’AEI ne souffre d’aucune ambiguïté à cet égard, ni même du moindre calcul politicien, nous avons au sein de notre alliance des candidats investis dans la défense de la nature de manière active, quatre d’entre eux, sur la liste des Pyrénées-Atlantiques, sont au quotidien acteur de la Sepanso Béarn. S’ils postulent aux régionales aujourd’hui c’est aussi pour « lou Moussu ».
Nous proposons des initiatives multiples, audacieuses, réfléchies et réalistes pour que l’ours soit enfin accepté et son avenir prospère. De plus elles auront le mérite de servir à d’autres espèces.
Cependant notre vision, la plus naturaliste possible, n’occulte pas l’homme tant que celui-ci, par ses activités ne perturbe pas et ne déstabilise pas l’écosystème dans les zones vitales de l’ours.
L’homme et l’ours doivent vivre en symbiose. Pour y parvenir il importe d’analyser les erreurs commises par le passé. Tout d’abord nous constatons que la question ursine c’est bien souvent faite sans que les Pyrénéens n’y soient préparés; y être invité est une chose, y être préparé en est une autre. Hormis quelques farouches opposants, minoritaires, devant lesquels nous ne devons pas céder, le plus grand nombre reste assez indifférent, sa préoccupation majeure étant ailleurs (emploi), il a des idées reçues sur le sujet ; se méfiant des « écolos » son attention se porte par réflexe aux discours d’un « gars » du pays (Lacube, Bonrepaux, Lassalle…) plutôt qu’à celui d’une personne trop éloignée d’eux géographiquement et culturellement pour être un référent.
Ce sera donc notre premier travail que de rencontrer les gens du pays, quasiment au quotidien, en instaurant une relation de confiance par l’intermédiaire de référents résidant dans les mêmes communes, au plus près des préoccupations de chacun. C’est en étant partie intégrante de la vie sociale des vallées que nous légitimerons nos actions, et sur la durée que s’établira un projet ursin ambitieux avec le soutien des habitants et des chasseurs, qui doivent accepter de rediscuter la pratique de la chasse en battue dans les zones à ours.
Jusqu’à présent la question ursine a été bien trop discutée sur un plan politique alors qu’il convient de l’aborder aussi par les aspects naturalistes, culturels et philosophiques. Toutefois, dans l’état actuel des choses il importe de persévérer contre la mauvaise foi qui consiste à faire croire que l’ours est coupable de la situation de détresse dans laquelle sont certains éleveurs et bergers. Il est faux de dire que l’ours n’est pas accepté mais plus juste de souligner qu’il ne l’est plus, la nuance est importante.
Ce qui faisait le quotidien de nos aïeux est devenu exceptionnel, pourtant il était tout à fait commun de rencontrer l’ours en piémont, dans les vergers, près des maisons, comme c’est encore le cas dans les Asturies et les Balkans.
Enfin, avant de lister nos propositions pour le maintien et le renforcement d’ours dans les Pyrénées, nous affirmons notre opposition totale à la mise sous clefs d’ours brun (écozoo, parc animalier…), antithèse du respect de la vie sauvage. Quel paradoxe d’avoir plus d’ours en cage qu’en liberté.
A la présidence de la Région, l’AEI propose pour la sauvegarde de l’ours :
- acquérir du foncier destiné à devenir des réserves naturelles intégrales (RNI),
- envisager la création d’une « équipe naturaliste d’étude, d’informations et de surveillance » dont la compétence serait principalement sur les RNI,
- obtenir la fermeture des pistes carrossables dans et à proximité des zones vitales pour l’ours, aux périodes adéquates (périodes sensibles de reproduction et de pré-hibernation),
- recenser les passages à grande faune sur les axes routiers pour y établir des ralentisseurs et des panneaux incitant l’automobiliste à la prudence,
- soutenir les APN en passant des partenariats de sauvegarde avec elle,
- promouvoir l’éducation à l’environnement et à la nature dans les écoles et collèges
- publier un livret semestriel gratuit « Aquitaine sauvage » à l’attention des habitants de la région et valorisant le patrimoine naturel,
- intervenir auprès de l’Etat pour favoriser les réintroductions d’ours et notamment de femelles en Béarn,
- informer de la normalité d’une présence d’ours en piémont,
- envisager la création d’un musée de l’ours et des ossalois en Ossau,
- créer un label touristique « favorable à la faune sauvage d’Aquitaine » exigeant, décerné par un jury comportant des représentants de la région et des associations de protections de la nature (à l’attention des gites, communes, éleveurs…),
- Créer un partenariat triangulaire entre les régions Asturies, Balkans et Pyrénées (Aquitaine) instaurant un échange des savoirs faire et engageant des transactions commerciales, touristiques et naturalistes…
Notre commentaire :
Un programme documenté et cohérent, des propositions originales et concrètes.
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Monique de Marco (Europe Ecologie Aquitaine)
L’ours a sa place dans les Pyrénées Il ne doit pas disparaître. La question n’est pas l’homme ou l’ours mais c’est l’homme et l’ours.
L’ours a bien entendu sa place dans les Pyrénées. La population d’ours est actuellement menacée. La France a des obligations et l’Union européenne le lui rappelle régulièrement. La survie de l’ours dans les Pyrénées passe par le renforcement de la population d’ours comme le disent les spécialistes.
Les habitants des Pyrénées ont l’immense responsabilité et la grande chance de pouvoir participer au maintien d’un élément emblématique de la biodiversité en Europe. Ils doivent s’en saisir.
La question de l’ours est trop souvent réduite à une bataille qui se déroulerait entre les anti-ours et les pro-ours. Cette vision est réductrice et ne peut qu’aboutir à la disparition de l’ours dans les Pyrénées. Elle empêche d’avancer. Il faut donc chaque fois que cela est possible trouver la voie du dialogue. Il faut de la pédagogie.
L’ours est à ce jour accusé d’être responsable de dégâts dans les troupeaux. C’est vrai pour une très petite partie (moins de 1%) Le reste des pertes n’a rien à voir avec l’ours.
De plus des mesures pour aider à la garde des troupeaux permettent de réduire le nombre d’attaques de l’ours (chiens, clôtures…) et améliorent le travail des bergers et éleveurs en réduisant les pertes qui sont dues à d’autres facteurs que l’ours.
Avec la politique d’indemnisation cela doit permettre à l’ours de trouver sa place dans une montagne où les hommes sont présents eux aussi, notamment par le biais du pastoralisme. La question n’est pas l’homme ou l’ours mais c’est l’homme et l’ours.
Nous croyons aussi qu’il faut essayer de trouver des solutions pour responsabiliser les élus régionaux dans cette affaire. Il conviendrait de chercher des voies qui permettent aux élus politiques des deux versants de prendre en charge la vie de l’ours dans les Pyrénées.
C’est ainsi que l’on pourrait imaginer que la Communauté de Travail des Pyrénées ait un rôle à jouer.
Nous croyons en un système qui responsabilise devant l’opinion ceux qui prennent les décisions. Aujourd’hui les décisions concernant l’ours sont trop souvent attaquées parce qu’elles sont lointaines. Entre le local et le pouvoir parisien ou l’Europe il y a la région.
Une structure à la fois internationale et interrégionale pour gérer la question de l’ours paraîtrait pertinente.
Enfin, en tant que promoteurs de la diversité linguistique, nous ne pouvons que répéter ce que nous disons souvent : diversité biologique et diversité culturelle sont liées.
Si une partie de la population a aujourd’hui du mal à concevoir la montagne avec des ours c’est aussi parce qu’elle a perdu une partie de la culture qui permettait de concevoir un espace cohérent où l’ours avait sa place.
Sans passéisme ni folklorisme aucun nous sommes convaincus que la destruction de certains éléments culturels ne facilite pas la résolution du problème.
Les régions d’Europe et du monde qui savent se réconcilier avec leur patrimoine naturel vivant sont souvent celles qui savent faire évoluer leur culture sereinement.
Pour ce qui est des Pyrénées, notamment sur le versant français, le bilan de ce point de vue là est négatif et il explique une partie des tensions.
Notre commentaire :
Une position documentée et constructive. La proposition de « régionaliser » la gestion de la population est intéressante sur le principe, mais elle se heurte à deux problèmes :
- La seule tentative connue en la matière est l’échec retentissant de l’IPHB en Pyrénées-Atlantiques. Les élus locaux, dirigés par Jean Lassalle ont pris les quelques 10 millions d’€ de subventions et se sont bien gardés de faire quoi que ce soit pour l’ours …
- Nos lois ne donnent pas la responsabilité de la protection des espèces aux élus locaux, ce qui leur permet de l’ignorer sans conséquence. Notre système politique n’est actuellement pas assez décentralisé pour confier cette gestion aux élus locaux.
Le lien entre diversité biologique et diversité culturelle est très pertinent et c’est sans doute une des clés de compréhension de l’opposition à l’ours dans les Pyrénées.
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Georges Frêche (Languedoc-Roussillon)
Pour l’heure, la chaîne pyrénéenne compte une vingtaine d’ours, suite aux différents programmes de réintroduction dont le dernier s’est achevé le 31 décembre dernier.
Force est de reconnaître le succès des réintroductions dans les Pyrénées Centrales puisqu’il est à noter, au fil des années, les nombreuses naissances. Aussi, je m’interroge sur l’opportunité d’un nouveau programme de la part du Ministère de l’Ecologie.
Je regrette pour ma part que les différents plans de réintroduction ne font état d’aucun moyen de protection prévu afin de préserver les élevages des attaques potentielles des ours et toutes les activités traditionnelles de la montagne.
Notre commentaire :
Monsieur Frêche manque encore d’informations :
- le nombre d’ours, malgré les naissances n’est pas encore suffisant pour maintenir la population
- les moyens de protection sont absolument prévus et financés dans le cadre du Plan ours : embauches de bergers, chiens de protection, clôtures …
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Arnaud Lafon (Modem Midi-Pyrénées)
Important : ce texte n’est pas une réponse à notre courrier, mais un communiqué du Modem Midi-Pyrénées diffusé début février. M. Lafon n’a pas répondu à notre courrier.
Le premier programme de réintroduction de l’ours dans les Pyrénées lancé en 2004, s’est achevé le 31 Décembre 2009.
On connaît toutes les péripéties de ces dernières années: manifestations et contremanifestations dans une ambiance de polémique souvent très tendue.
On pensait que les choses en resteraient là et qu’il était urgent d’attendre afin de faire une évaluation sereine de la pertinence de cette action.
Pourtant, Madame Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat à l’écologie, sans la moindre concertation, vient d’annoncer la deuxième phase du programme de réintroduction de l’ours dans les Pyrénées : c’est vouloir, depuis Paris, rallumer le feu de manière irresponsable en pleine campagne des régionales…
On a appris également le désappointement légitime des autorités espagnoles (en particulier d’Aragon) face à cette décision unilatérale dont elles ont été informées par la presse. Car comme chacun sait, l’ours se promène d’un versant à l’autre de la chaîne pyrénéenne sans considération de frontière.
On craint aussi que l’on ait recours à une introduction de plusieurs spécimens de manière quasi clandestine afin de ne pas affronter élus et population.
Nous aimerions nous tromper à ce sujet et nous n’oserions assurément pas douter de la pleine sincérité ni de la grande volonté de transparence des autorités françaises. N’est-ce pas?
Si Madame la Ministre pouvait donner des assurances sur ce point ce serait déjà un pas. Rappelons ici que Cannelle, la dernière ourse des Pyrénées autochtone a disparu le 11 Novembre 2004 tuée «accidentellement» lors d’une battue au sanglier.
Les ours réintroduits sont d’origine slovène (les derniers le furent en 2006) et il faudra bien des années avant qu’ils ne s’adaptent à leur nouvel environnement.
En importer d’autres aujourd’hui, pour les mettre peut être en danger, est-ce vraiment la priorité du moment pour les Pyrénées alors que l’emploi est menacé partout?
Cette priorité par exemple, ne serait-elle pas plutôt un soutien actif au pastoralisme menacé ? Chacun sait que souvent, l’activité pastorale va de pair pour beaucoup d’éleveurs en hiver, avec une seconde activité touristique dans les stations. C’est là que doit porter l’effort afin de revivifier cette activité agricole traditionnelle où la qualité des agneaux s’accompagne d’une production de proximité.
Plutôt que de rembourser des agneaux morts, finançons leur garde en encourageant des jeunes à «monter là haut» dans de bonnes conditions de vie et de rémunération. Pourquoi ne pas réfléchir à la mise en place d’un label «Agneau des Pyrénées» soutenu et financé par la Région?
L’ours peut encore attendre un peu chez lui dans sa forêt natale, n’est-il pas vrai?
Les bergers pyrénéens, eux, ne peuvent plus attendre qu’on vienne les sauver sur les pentes des montagnes qui les ont vus naître!
Notre commentaire :
M. Lafon manque d’informations.
« il était urgent d’attendre afin de faire une évaluation sereine de la pertinence de cette action ». C’est bien ce qui a été fait, d’abord en 2008, par les inspections générales de l’Environnement et de l’Agriculture, puis lors du Groupe National Ours (GNO), auquel les opposants à l’ours ont refusé de participer. La concertation a donc bien été organisée, ce qui a été reconnu par deux arrêts du Conseil d’Etat.
« il faudra bien des années avant qu’ils [les ours slovènes, NDLR] ne s’adaptent à leur nouvel environnement ». Voilà une affirmation gratuite, contredite par les experts, français et étrangers.
« souvent, l’activité pastorale va de pair pour beaucoup d’éleveurs en hiver, avec une seconde activité touristique dans les stations ». Les éleveurs dans ce cas sont au contraire très rares !
M. Lafon ignore par ailleurs que les ours capturés en Slovénie pour être lâchés dans les Pyrénées sont déduits des quotas de chasse là-bas.
Enfin, M. Lafon tombe facilement dans l’opposition stérile Homme-Nature, comme si concilier les deux n’était pas la seule priorité pour l’avenir.
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Jean Lassalle (Modem Aquitaine)
Le retour de l’ours est un enjeu pour notre territoire.
Je pense que la cohabitation de l’homme et de l’ours est possible si elle est accompagnée. Or cet aspect a trop souvent été négligé.
La réintroduction de l’ours, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, est plus une source de tension que de réconciliation.
Le rétablissement de la population ursine doit donc se faire à travers un projet issu de la volonté locale conciliant la protection de l’ours avec la présence multiséculaire des activités humaines.
C’est ce que réalise l’Institut Patrimonial du Haut-Béarn qui vota le 19 décembre 1996 la réintroduction de deux ours en Béarn, dans le respect des populations.
Notre commentaire :
La position de Jean Lassalle sur l’avenir de l’ours est toujours aussi ambigüe.
Peu après ce courrier, qui semble mesuré en apparence, il a annoncé qu’il participerait à la manifestation des opposants à l’ours …
Jean Lassalle est un vieil habitué du double discours. La position de l’Institut Patrimonial du Haut-Béarn évoquée était beaucoup moins claire qu’il l’affirme. Alors qu’il ne restait que quelques ours en Béarn, il posait comme conditions qu’un ours pyrénéen soit préalablement capturé, et que le Béarn soit la seule région d’Europe sans zone « Natura 2000 », le réseau européen de protection des habitats naturels.
La Ministre de l’Environnement de l’époque n’a pu que rejeter ces conditions illégales, tout en accordant l’autorisation de lâcher 2 ourses.
Jean Lassalle prétend depuis que c’est elle qui avait refusé les lâchers …
Il a toujours cherché à faire ainsi porter la responsabilité aux autres, n’assumant pas clairement sa position réelle d’opposition à l’ours.
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Nelly Malaty (Lutte ouvrière Aquitaine)
En ce qui concerne la conservation de l’ours, je dois vous dire que me préoccupe bien plus du sort des hommes que de celui des ours. Mais, quand même, il y a de quoi être choqué que, dans un pays comme la France, soi disant évolué, industrialisé, on ne soit pas capable de permettre à quelques dizaines d’ours ou de loups de vivre dans certains territoires que les hommes devraient respecter et ne pas envahir même par brebis interposées.
Nous ne sommes pas partisans de dire « place aux hommes, massacrons les forêts et les animaux qui y vivent, et massacrons toutes les espèces qui nous ont précédés ou pas sur terre ». Mais ce qui est choquant, c’est que, dans le même temps, on fait une guerre véritable aux hommes habitant les savanes ou les forêts d’Afrique pour qu’ils ne tuent pas
des éléphants ou des singes, pour se nourrir, alors qu’ils manquent de viande ou meurent de faim. Qu’un pays comme la France, qui regorge d’aliments de toutes sortes, ne puisse pas tolérer quelques bouches, inutiles peut-être, à nourrir alors qu’il y a bien d’autres bouches bien plus inutiles ou nuisibles, que nous nourrissons grassement (par exemple, les spéculateurs en tout genre), voilà qui est surprenant.
Notre commentaire :
Sans être spécialistes de la question, Lutte ouvrière fait l’effort d’aborder la biodiversité sous l’angle des valeurs universelles de respect et de tolérance.
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Martin Malvy (PS-PRG Midi-Pyrénées)
Comme vous le soulignez, la Région n’est pas compétente en matière de protection des espèces menacées.
L’Etat n’a jamais sollicité l’avis de la Région sur le dossier de l’ours dans les Pyrénées. C’est donc à l’Etat de gérer le suivi des ours et les suites à y donner. Et même aux Etats français et espagnols car la coordination semble parfois faire défaut.
La réintroduction de l’ours ne peut s’effectuer sans une large concertation des populations locales directement concernées. La convention de Berne sur les espèces menacées prévoit une large concertation sur ces questions de biodiversité.
Or les derniers gouvernements ont géré ce dossier sans une véritable stratégie pour apaiser les tensions et trouver une solution qui rende compatible cette présence.
Quelle que soit l’appréciation personnelle que chacun puisse porter sur le sujet, chacun ne peut que s’accorder sur la gestion calamiteuse du dossier par les représentants de l’Etat.
A cet égard le détournement des crédits massif des Pyrénées censés soutenir le pastoralisme afin de financer des lâchers d’ours a évidemment constitué une maladresse supplémentaire vis-à-vis des éleveurs montagnards qui ont vécu cette opération comme une provocation.
L’ours slovène n’étant pas menacé de disparition, son introduction dans les Pyrénées n’aurait jamais due être engagée sans une période large de concertation au lieu de s’apparenter trop souvent à une opération de type militaire.
On ne peut pas non plus ramener le débat sur la biodiversité à ce seul sujet alors qu’il est beaucoup plus vaste et que dans les Pyrénées d’autres espèces animales et végétales ont également disparues ou sont menacées (Gypaète, desman, isard etc…).
Quand un projet est mal engagé, quand il rencontre en partie ou de fait une aussi large hostilité, il y a lieu si l’on veut aboutir de rechercher plus démocratiquement les voies et les moyens.
C’est donc à une approche plus globale de la biodiversité qu’il faut se livrer. J’ai bien l’intention de m’y employer.
Notre commentaire :
Une réponse très « politicienne », décevante en vérité, car basée sur des erreurs ou mensonges. « La réintroduction de l’ours ne peut s’effectuer sans une large concertation des populations locales directement concernées. » L’Etat a systématiquement organisée une large concertation avant chaque programme de lâchers d’ours, comme l’a constaté le Conseil d’Etat dans deux arrêts successifs. Que les colistiers de M. Malvy en aient organisé le boycott n’empêche pas que ces réunions aient bien eu lieu …
« le détournement des crédits massif des Pyrénées censés soutenir le pastoralisme afin de financer des lâchers d’ours a évidemment constitué une maladresse supplémentaire vis-à-vis des éleveurs montagnards » ; Affirmation totalement fausse. Au contraire, les mesures de protection des troupeaux et les améliorations pastorales ont été très largement financées par le Plan Ours !
Nous notons que M. Malvy s’engage à développer une approche régionale globale de la biodiversité s’il est élu. L’ours ne saurait donc en être absent …
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Gérard Onesta (Europe Ecologie Midi-Pyrénées)
Notre position ne souffre d’aucune ambiguïté : nous sommes favorables à la protection et à la restauration d’une population viable d’ours dans les Pyrénées. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? Tous les textes et toutes les lois votés en France et en Europe depuis plus de 30 ans vont dans ce sens : la protection et la restauration de l’ours est une obligation de la France devant laquelle nul ne peut se dérober.
Le combat pour la biodiversité est un combat fondamental et universel. Il ne serait pas responsable pour un mouvement politique de vouloir s’y soustraire, et pire, de demander aux autres pays de prendre leur part dans un combat que l’on refuse de mener soi-même. Il serait démagogique de prétexter des difficultés rencontrées sur le terrain pour laisser s’effondrer un pan entier du patrimoine naturel et culturel pyrénéen, quand tous les autres pays autour de nous réussissent dans la voie de la conciliation entre les activités humaines et la protection des prédateurs.
Vous soulignez à juste titre que la question de l’ours n’est pas une compétence régionale. Toutefois, nous pensons que le débat démocratique, l’éducation à l’environnement, la protection des biotopes, la valorisation touristique, des productions et des activités humaines, le soutien à l’agriculture de montagne, l’aide aux associations, compétences à part entière de la Région, sont de nature à faciliter le retour de l’ours dans nos montagnes et à favoriser sa bonne acceptation.
Une fois élus, la Région y prendra enfin toute sa part. Voici nos principales propositions sur cette question :
- Favoriser la protection et la restauration des espèces menacées (ours, loutre, lagopède, gypaète, grand tétras, bouquetin…), et lutter contre la prolifération des espèces invasives et menaçantes (vison [d’Amérique, NDLR], frelon asiatique, tortue de Floride, balsamine de l’Himalaya…) ;
- Faire de la préservation du vivant (milieux naturels, faune, flore) un axe transversal de toute politique régionale. Éco-conditionner chaque aide de la Région au respect de la biodiversité ;
- Promouvoir un véritable écotourisme – diffus dans le temps et l’espace – permettant de valoriser les efforts de protection du vivant, de sensibiliser à son respect et d’apporter un vrai complément de revenu aux ruraux ;
En disant cela, nous n’ignorons pas les difficultés rencontrées par les éleveurs ovins de montagne : nous serons également à leurs côtés comme en témoignent également nos engagements sur l’agriculture.
Notre commentaire :
Complet et cohérent …
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Liberto Plana (Lutte ouvrière Languedoc-Roussillon)
En ce qui concerne la conservation de l’ours, je dois vous dire que me préoccupe bien plus du sort des hommes que de celui des ours. Mais, quand même, il y a de quoi être choqué que, dans un pays comme la France, soi disant évolué, industrialisé, on ne soit pas capable de permettre à quelques dizaines d’ours ou de loups de vivre dans certains territoires que les hommes devraient respecter et ne pas envahir même par brebis interposées.
Nous ne sommes pas partisans de dire « place aux hommes, massacrons les forêts et les animaux qui y vivent, et massacrons toutes les espèces qui nous ont précédés ou pas sur terre ». Mais ce qui est choquant, c’est que, dans le même temps, on fait une guerre véritable aux hommes habitant les savanes ou les forêts d’Afrique pour qu’ils ne tuent pas
des éléphants ou des singes, pour se nourrir, alors qu’ils manquent de viande ou meurent de faim. Qu’un pays comme la France, qui regorge d’aliments de toutes sortes, ne puisse pas tolérer quelques bouches, inutiles peut-être, à nourrir alors qu’il y a bien d’autres bouches bien plus inutiles ou nuisibles, que nous nourrissons grassement (par exemple, les spéculateurs en tout genre), voilà qui est surprenant.
Notre commentaire :
Sans être spécialistes de la question, Lutte ouvrière fait l’effort d’aborder la biodiversité sous l’angle des valeurs universelles de respect et de tolérance.
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Alain Rousset (Parti socialiste – Aquitaine)
Monsieur Rousset ne nous a pas répondu directement, mais voici ce qu’il a déclaré sur RMC Infos, à une question d’un journaliste :
Je pense qu’il faut que l’on ait une population suffisante, qui se reproduise.
Il y en a quelques-uns, il en faut quelques-autres, stabiliser la population. Par contre, dire qu’on va mettre 8 ou 12 ours, c’est grotesque.
Vous savez, le fromage des Pyrénées se vend 20 à 30% plus cher à partir du moment où il y a la patte de l’ours sur le fromage. Mais il faut aussi être prudent, parce que pour les bergers, c’est un problème.
Notre commentaire :
Pour ce qui concerne les Pyrénées Atlantiques, la question n’est pas de « stabiliser » la population (il n’y reste que 3 mâles …), mais bien de la restaurer en y lâchant dès que possible des femelles.
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Sandra Torremocha (Lutte ouvrière Midi-Pyrénées)
En ce qui concerne la conservation de l’ours, je dois vous dire que me préoccupe bien plus du sort des hommes que de celui des ours. Mais, quand même, il y a de quoi être choqué que, dans un pays comme la France, soi disant évolué, industrialisé, on ne soit pas capable de permettre à quelques dizaines d’ours ou de loups de vivre dans certains territoires que les hommes devraient respecter et ne pas envahir même par brebis interposées.
Nous ne sommes pas partisans de dire « place aux hommes, massacrons les forêts et les animaux qui y vivent, et massacrons toutes les espèces qui nous ont précédés ou pas sur terre ». Mais ce qui est choquant, c’est que, dans le même temps, on fait une guerre véritable aux hommes habitant les savanes ou les forêts d’Afrique pour qu’ils ne tuent pas
des éléphants ou des singes, pour se nourrir, alors qu’ils manquent de viande ou meurent de faim. Qu’un pays comme la France, qui regorge d’aliments de toutes sortes, ne puisse pas tolérer quelques bouches, inutiles peut-être, à nourrir alors qu’il y a bien d’autres bouches bien plus inutiles ou nuisibles, que nous nourrissons grassement (par exemple, les spéculateurs en tout genre), voilà qui est surprenant.
Notre commentaire :
Sans être spécialistes de la question, Lutte ouvrière fait l’effort d’aborder la biodiversité sous l’angle des valeurs universelles de respect et de tolérance.