◼️ L’ours et la pomme, comment sont-ils liés ?

L’évolution de la pomme tel qu’on la connait aujourd’hui se joue principalement dans le Tian Shan (une chaîne de hautes montagnes d’Asie centrale). Cet habitat devient au Miocène propice à de nombreuses espèces dont l’ours brun. Ces ursidés adorent consommer des fruits et leur pression de sélection aurait favorisé l’augmentation de la taille des pommes et la quantité de sucres qu’elles contiennent.

 

Mais comment ?

Les ours, moteurs de l’évolution

Les mâchoires de l’ours écrasent mal les fruits. Ainsi, de toutes petites pommes sortent souvent « indemnes » du tube digestif de l’ours. Or la germination des graines est inhibée par le placenta de la pomme, de sorte que les graines des petits fruits intacts ne peuvent pas germer: une petite taille n’était pas un avantage pour les pommes du Tian Shan. En outre, les ours aiment les sucreries. Par exemple, les ours bruns du Montana sont connus pour chercher les fruits les plus sucrés des pommiers dans les vergers cultivés.

Probablement dans l’ensemble du Tian Shan, mais en particulier sur les pentes septentrionales où la chaleur de l’été était moins torride, ces deux pressions ont favorisé l’apparition, en plusieurs millénaires, d’une pomme de grande taille et à chair sucrée. Ces caractéristiques en ont favorisé la propagation.

Une grosse pomme est bien écrasée par les mâchoires des ours, mais les pépins en forme de larmes, durs et revêtus de tanins ne sont que rarement endommagés. De fait, la plupart des graines restituées par les intestins d’animaux sont viables. Les matières fécales déposées dans tout le Tian Shan à l’automne par les ours et dispersées par des hordes de scarabées besogneux ont participé à la dissémination de pommes de grande taille et aux goûts variés.

En 1793, l’explorateur germano-russe Ivan Sievers découvrit cette pomme et les forêts fruitières, mais il mourut peu de temps après. Ce n’est qu’en 1830 que Carl Friedrich von Ledebour nomma cette pomme Malus sieversii, dans sa Flora Altaica, en l’honneur de son prédécesseur. Ce nom est répandu dans la littérature, mais on a découvert récemment que, parmi les nombreuses pommes qui se sont échappées vers l’Ouest, la même espèce a été nommée Malus pumila par le Britannique Philip Miller en 1768. L’antériorité faisant foi, le nom de Malus pumila doit être privilégié.

L’ours ne fut pas le seul exportateur de pommes. Les chevaux sauvages, qui ont aussi migré à travers la Béringie de l’Amérique du Nord vers l’Asie, auraient apprécié les pommes sauvages des nouvelles forêts fruitières. À l’instar de ceux de l’ours, les mâchoires et l’intestin des chevaux n’endommagent pas les pépins de pomme.

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !

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