Depuis 30 ans, la France restaure lentement sa population d’ours dans les Pyrénées. Alors que le minimum a été atteint en 1995, avec 5 ou 6 ours pour l’ensemble du massif, ils sont maintenant une soixantaine grâce aux 11 ours lâchés entre 1996 et 2018 qui se sont reproduits. Cette population n’est pas encore viable, mais le bilan d’étape, que l’on doit largement aux associations mobilisées depuis 40 ans est déjà très positif.
La restauration d’une population viable d’ours dans les Pyrénées répond à la fois à une demande sociale et à une obligation légale formalisée par la Directive européenne « Habitats, faune, flore » du 21 Mai 1992.

Opportunistes plus que chasseurs, les ours commettent des dégâts au sein des troupeaux non-protégés, ce qui provoque la colère des éleveurs. L’État met pourtant à leur disposition les moyens de protéger leurs troupeaux : embauche de bergers, restauration de cabanes de montagne, parcs et chiens de protection … Mais cette stratégie qui est principalement basée sur la bonne volonté des agriculteurs montre ses limites.

Si les éleveurs qui protègent leur troupeau ont de bons résultats, ceux qui le font mal ou pas du tout, restent trop nombreux et subissent des dégâts. Ces derniers sont bruyants, voire violents, ils sont soutenus par la plupart des élus et bien relayés par des médias complaisants.
Les pertes liées à l’ours restent pourtant très minoritaires parmi les autres causes de mortalité (chutes, maladies, autres prédations, vols …) estimées à plus de 20 000 bêtes par été dans les Pyrénées françaises.

Tétanisé par la capacité de nuisance du lobby agricole, l’état renonce à imposer les solutions éprouvées et cède parfois aux demandes pourtant irrationnelles des opposants à l’ours.
Ainsi, en 2019, le gouvernement a expérimenté une nouvelle stratégie basée sur la surindemnisation au titre des dégâts d’ours de quasi toutes les bêtes mortes de cause indéterminée, et l’autorisation d’effaroucher les ours aux abords des troupeaux.
Or, non seulement ces mesures ne sont pas efficaces, mais elles comportent également des effets pervers comme le fait de ne pas encourager à la protection des troupeaux, et des risques, pour les ours comme pour les hommes … Et le tout sans améliorer ni le niveau d’acceptation ni les conditions de cohabitation avec l’ours.

Comme chacun peut le constater, le bilan est mauvais. L’État aurait tort de poursuivre dans cette stratégie, mais il y semble  décidé.
A défaut d’avoir pu convaincre, les associations environnementales ont saisi les tribunaux afin d’obtenir l’annulation des autorisations d’effarouchement et la surindemnisation des pertes sans rapport avec l’ours, que nous considérons illégales.

Selon nos estimations, les opérations d’effarouchement ont coûté plus de 100 000 € en 2020 et ont permis de « sauver » une trentaine de brebis …
Le 4 février 2021, le Conseil d’Etat a annulé l’arrêté autorisant l’effarouchement renforcé des ours pour l’année 2019, mais cela n’a pas empêché l’Etat de renouveler cette autorisation pour l’année 2021.