◼️ Que faut-il penser du projet de « Plan Ours » du Ministère de l’Environnement ?

Pays de l’Ours – Adet est l’association initiatrice du retour de l’ours en Pyrénées Centrales. 
Créée par des élus locaux il y a plus de 25 ans, élargie depuis à la société civile, Pays de l’Ours – Adet a toujours soutenu les initiatives en faveur de la restauration de la population d’ours, en étant notamment le partenaire local de l’État, tant en 1996-97 qu’en 2006.

Pour la première fois donc, et avec regrets, nous ne soutenons pas la proposition de « plan ours » que constitue le volet Ours de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité (SPVB) dans sa version soumise à la consultation du public du 15 Février au 8 Mars 2017.
Bien qu’ayant participé à toutes les réunions de concertation auxquelles nous avons été invités, bien que certaines de nos demandes et suggestions soient mentionnées dans ce document, nous constatons qu‘il ne répond pas à la hauteur de l’enjeu qu’il prétend poursuivre.

Son plus grand défaut est bien sûr de n’intégrer aucune mesure concrète de restauration de la population d’ours, pas même le lâcher d’une femelle dans le noyau occidental qui ne faisait pourtant l’objet d’aucune opposition significative depuis la neutralité votée par le Comité de Massif des Pyrénées le 1er juillet 2016.
Le Gouvernement renoncerait donc seul à ce lâcher, sans pression.
Plus qu’une absence de volonté de restaurer la population d’ours, cela traduit un choix affirmé de ne pas le faire, ce qui est pour nous incompréhensible et inadmissible.

Au-delà, ce « volet ours », que l’on devrait appeler plan national d’action, cumule les manques et erreurs structurels et méthodologiques qui le rendent inconsistant et inopérant :

  • Les menaces pesant sur l’espèce, auxquelles il est sensé répondre, ne sont pas ou mal définies;
  • Les actions évoquées, vagues voire hypothétiques, n’ont manifestement pas été conçues pour répondre aux menaces pesant sur l’ours. Le risque principal, l’extinction prochaine du noyau occidental, est notoirement ignoré.
  • Il manque une liste des actions retenues, leur priorisation, leur planification, leur affectation, les moyens consacrés, et les indicateurs qui permettront de les évaluer.

A la lecture de ce « plan », on ne sait ainsi ni ce qui sera fait, ni pourquoi, ni quand, ni qui le fera, ni avec quels moyens, ni comment les actions seront évaluées.

Les enjeux et les objectifs sont pourtant clairement définis, et nous y souscrivons globalement. 
Il est bien question de restaurer une population viable d’ours, tout au long de la chaîne des Pyrénées, en reconstituant deux noyaux de population, avec au minimum une cinquantaine d’individus présentant une bonne diversité génétique, et en bonne cohabitation avec les activités humaines.
Mais hélas aucune action concrète ne vient concourir à cette ambition.

Cette carence de volonté d’action est malheureusement confirmée par la maquette financière présentée page 34 du plan. Ce budget reprend à l’euro près les dépenses annuelles actuellement mises en œuvre, et ne prévoit donc aucun moyen supplémentaire, pour quelque action complémentaire que ce soit.

Un autre problème de taille concerne la gouvernance du plan.
Après 6 années de concertation, de consultation, d’étude, d’évaluation, de missions, d’expertises et autres procédures chronophages, le temps n’est plus aux bonnes intentions mais aux décisions. L’État a la responsabilité morale et juridique de la conservation de l’ours en France. Il ne peut y répondre par la définition d’une vague procédure se résumant à « associer étroitement le Comité de Massif ».
Si celui-ci a toute légitimité pour s’exprimer sur les modalités d’exécution du plan, il reste une instance consultative qui ne peut remettre en cause le respect par la France d’une Directive Européenne. Les rôles et limites de chacun doivent être rappelés et respectés, l’Etat doit assumer son obligation de restaurer une population viable d’ours en regard de la Directive « Habitats ».
Ce n’est pas le cas actuellement et ce plan ne le prévoit pas.

Nous notons enfin que la partie « patrimonialisation », comprenant la communication et la valorisation touristique, auxquelles nous sommes très attachés, souffre des mêmes manques de décision, de précision et de moyens.

En synthèse, il transparaît de ce projet de « volet ours SPVB » une absence manifeste de volonté d’agir et le renvoi de toute prise de décision et de responsabilité au prochain gouvernement.
Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu et cela compromet la possibilité de mener quelque action concrète que ce soit en faveur de l’ours dans les Pyrénées pour la durée du plan.

Il y a pourtant urgence à agir, en particulier pour le noyau de population occidental.

L’ensemble des manques listés ci-dessus nous semblent devoir être pris en compte dans la version définitive du volet Ours de la SPVB, et nous sommes prêts à y travailler si l’État nous y invite.
L’intégration des six lâchers d’ourses urgents préconisés par le Muséum National d’Histoire Naturelle, avec les moyens nécessaires, constituent toutefois le strict minimum pour le rendre un tant soit peu crédible et espérer éviter une relance de la procédure d’infraction initiée par la Commission Européenne contre la France en 2012.

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !

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